Raisonnement clinique

dernière modification de cette page : 25/02/2022

Qu'est ce que le raisonnement clinique ? Dans son expression la plus simple, le raisonnement clinique désigne l'ensemble des processus de résolution de problèmes cliniques. Son résultat conduit à une action, qu'il s'agisse d'émettre un diagnostic - ou, plus globalement, de reconnaitre ce qui se passe dans une situation donnée -, d'investiguer davantage, de proposer une intervention ou prescrire ou mettre en œuvre un traitement.

Faucher et al. Chapitre 2. Un professionnel de santé qui résout efficacement les problèmes : le raisonnement clinique. Comment (mieux) former et évaluer les étudiant en médecine et en sciences de la santé. Édition deBoeck. p34

D'après Higgs J et al., le raisonnement clinique correspond à l'ensemble des "processus de pensée et de prise de décision qui permettent au clinicien de proposer une prise en charge dans un contexte spécifique de résolution de problème de santé"1. Plusieurs facteurs peuvent intervenir dans le raisonnement clinique et la démarche diagnostique/thérapeutique (exemple : l'âge du médecin, l'expérience, la prise en compte des comorbidités du patient, le lieu de l'examen clinique…)2. De même, on peut aussi évoquer la notion de biais cognitifs qui peuvent influencer le mode de raisonnement (exemples : biais d'ancrage, représentation, accessibilité…)3.

Le test de concordance de script est un mode d'exploration du raisonnement clinique et des nombreux biais qui peuvent intervenir.

Test de concordance de script (TCS)

Le test de concordance de script (TCS), développé par B. Charlin, permet d’évaluer la compétence à raisonner en situation d’incertitude et pour des problèmes complexes qui ne peuvent se résoudre par une simple application de connaissances. Le TCS explore une des étapes du raisonnement clinique, l’interprétation de données cliniques, étape cruciale du processus de raisonnement.

Le TCS est un outil d’évaluation basé sur la théorie cognitive des scripts. Cette théorie suggère que lorsque les médecins sont soumis un à problème clinique, ils mobilisent des réseaux de connaissances préétablis (les scripts) stockés dans la mémoire à long terme, pour comprendre la situation et agir en fonction de buts diagnostic, d’investigation ou de traitement. Ces scripts sont utilisés quotidiennement en pratique clinique. Ils se mettent en place lorsque les étudiants se retrouvent confrontés à leur première situation clinique, puis se développent et s’affinent tout au long de leur carrière. Tandis que les étudiants gagnent en expérience et en connaissances médicales spécialisées, ils développent des scripts mieux organisés et deviennent capables d’en manipuler plusieurs en même temps.

Objectif

En petit groupe et avec l’aide d’un enseignant : conscientiser et confronter son mode de raisonnement clinique à celui de ses pairs et à celui de médecins en exercice (experts).

Déroulement de la séance

L’enseignement de raisonnement clinique aura lieu en TCEM1 et TCEM2 (la promotion de 2021 ne sera concernée que pendant le TCEM2). Les étudiants seront regroupés par GEP et auront 1 séance d’1 heure par an. Cette séance précèdera un enseignement GEP dans l’année. La présence à ces enseignements est obligatoire. La séance se veut avant tout dynamique et interactive. Pendant l’atelier, les étudiants auront à répondre à des TCS (environ 15 questions) à l’aide de l’outil Wooclap®. Cela implique que l’étudiant devra apporter son portable afin de se connecter et participer au vote interactif. Les résultats des étudiants font ensuite l’objet d’une analyse (debriefing) pendant la séance pour illustrer la notion de raisonnement clinique et des différents biais cognitifs associés. Cette approche permet de repérer les questions avec forte dispersion parmi les étudiants, afin d’en discuter. Lors de la séance les étudiants sont invités à argumenter leurs réponses et l’enseignant anime en vue d’aider les apprenants à prendre conscience de leurs scripts et de leurs modes de raisonnement. Il ne s’agit donc en aucun cas d’un atelier de contrôle de connaissance car il n’y a ni de bonne ni de mauvaise réponse.


  1. Higgs J, Jones M. Clinical reasoning in the health professions. In: Higgs J, Jones M (Eds). Clinical Reasoning in the Health Professions. nd ed. Oxford: Butterworth-Heineman Ltd, 2000:3–14
  2. Bordage G. Why did I miss the diagnosis? Some cognitive explanations and educational implications. Acad Med 1999;74:S138–43.
  3. Croskerry P. From mindless to mindful practice: cognitive bias and clinical decision making. N Engl J Med 2013;368:2445–8.