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En France, 15 à 20 % des plus de 65 ans à domicile sont fragiles. La fragilité est un état dynamique précaire entre l’autonomie et la dépendance, réversible si prise en charge précocement. La référence pour évaluer la fragilité est l’évaluation gériatrique standardisée (EGS), processus long et requérant des compétences gériatriques, avec difficultés d’accès en ambulatoire. Se sont donc développés plusieurs outils de repérage simples en soins primaires, qui sélectionnent des personnes nécessitant une évaluation gériatrique et une prise en charge adaptée. Depuis 2014, une expérimentation nationale Parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d’autonomie (Paerpa) a pour objectif d’identifier la fragilité des personnes âgées. Elle propose une évaluation gériatrique qui définit des objectifs de soins et d’aides adaptés à l’environnement et souhaits du patient. Ces objectifs sont intégrés dans un plan personnalisé de santé (PPS). Les centres hospitaliers sont éloignés, difficiles d’accès. Cela incite à réfléchir à un parcours coordonné au sein d’une maison de santé ou centre de santé, qui sont des acteurs clé dans la prise en charge de la fragilité, par leur composante pluriprofessionnelle. L’évaluation d’expérimentations à grande échelle ou de parcours de santé est complexe et longue. L’évaluation Paerpa de 2020 retrouve un effet modeste mais significatif sur la iatrogénie médicamenteuse et les visites aux urgences. Une des limites du Paerpa est l’absence de recueil d’informations sur l’expérience et la qualité de vie des personnes âgées.
Dr Frédéric BARBIER-RENOU, Dr Justin DESCHAMPS, Dr Anthony DROBECQ
Le genre est un déterminant de santé et des inégalités en santé, seul ou en association avec la condition socio-économique, l’âge, l’appartenance ethnique, le handicap, l’orientation sexuelle, etc.
Depuis une vingtaine d’années, la recherche médicale internationale évolue pour intégrer la question du genre dans les pratiques et les thématiques de recherche. L’objectif est de prendre en compte la façon dont les rôles sociaux et le contexte culturel influencent la santé des individus sur le plan physiologique et pathologique. Intégrer le genre dans la médecine et la recherche répond à un questionnement à la fois scientifique et éthique et de lutter contre les inégalités et les discriminations dans les domaines de la santé1.
Les représentations sociales liées au genre jouent sur l’attitude des patient·es, du corps médical et des chercheur·euses. S’intéresser aux relations entre genre et santé permet de mener une réflexion éthique sur la contribution des facteurs sociaux et culturels aux inégalités de santé. Il est important d’inciter les médecins à considérer les différences de genre, non pas comme une simple dichotomie entre mâle et femelle, mais comme le produit d’une intrication entre sexe et genre2,3.
Certains stéréotypes de genre sont parfois intégrés dans nos pratiques médicales. À titre d’exemples, la population féminine connaît un sous-diagnostic de l’infarctus du myocarde4, tandis que les troubles anxio-dépressif sont sous-diagnostiqués dans la population masculine5. Identifier ces stéréotypes de genre, en tenant compte de nos a priori dans nos pratiques permettrait de recentrer les soins à l’échelle des patient.es, et de leur histoire propre.
La santé genrée et sexuelle peut concerner des problématiques spécifiques ; de la puberté à la ménopause ou l’andropause, avec des changements hormonaux ; des règles douloureuses à la contraception (dite « masculine » ou « féminine »), en passant par le désir d'enfant ; les saignements gynécologiques anormaux, les douleurs menstruelles ou encore les infections génito-urinaires, l'endométriose et le syndrome des ovaires polykystiques, qui nécessitent une attention particulière.
Le dépistage et la prévention constituent un pivot essentiel dans la détection précoce des cancers (sein, col de l'utérus par exemple), des infections sexuellement transmissibles et dans le maintien d’une bonne santé. Ces axes de santé sont eux même soumis aux rôles sociaux et au contexte culturel inhérent à la notion de genre : scotome du dépistage oncologique chez les personnes transgenres6, modalités de dépistage inadaptés aux vécus des personnes, impact de la sexualité et manque d’inclusion des campagnes.
Les violences domestiques ou intra-familiale sont une des conséquences des représentations sociales liées au genre. Elles prennent une place grandissante au sein du débat publique ainsi que dans nos consultations, plaçant les médecins généralistes comme des interlocuteurs possibles. Notre rôle au sein du parcours des victimes est de mieux en mieux identifié ces dernières années, bien que l’influence des stéréotypes persistent : manque de repérage des hommes cisgenres victimes7, spécificités des violences subies par les personnes LGBTQIA+ au sein du couple etc. L’implication du médecin généraliste au sein d’une cellule familiale empreinte de violences pose la question d’une approche globale, à la fois des victimes, des co-victimes (enfants) et des auteur.es.
1. HAS. Rapport d’analyse prospective « sexe, genre et santé », 2020
2. Jennifer Merchant et Catherine Vidal. Genre et recherche en santé, INSERM, 2016
3. Gresy B, Piet E, Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner : un enjeu de santé publique, Rapport n°2020-11-04 Santé 45, HCE, 2020
4. De Almeida AR, Figueiredo MP, Viana R, Congo K, Trinca M, Patrício L. Gender disparities in acute coronary syndrome management and prognosis: National multicenter retrospective cohort study. Journal of Cardiology 2025;86:238‑43.
5. Faisal-Cury A, Ziebold C, Rodrigues DM de O, Matijasevich A. Depression underdiagnosis: Prevalence and associated factors. A population-based study. Journal of Psychiatric Research 2022;151:157‑65.
6. Chan A, Jamieson C, Draper H, O’Callaghan S, Guinn B-A. Cancer screening attendance rates in transgender and gender-diverse patients: a systematic review and meta-analysis. BMJ Evid Based Med 2024;29:385‑93.
7. Huntley AL et al. Help-seeking by male victims of domestic violence and abuse (DVA) : a systematic review and qualitative evidence synthesis. BMJ Open. 2019
Etude des parcours professionnels des médecins généralistes
Coordonné par Dr Julien Boudier
Malgré le contexte démographique inquiétant pour le recours aux soins, les jeunes médecins généralistes en devenir ont des souhaits d’exercice qui pourraient contrebalancer ce phénomène. Les itinéraires professionnels sont des parcours à étudier et analyser pour comprendre les paramètres qui déterminent les choix professionnels des jeunes médecins généralistes, qu’il s’agisse de pratiques d’exercice, lieux d’exercices voire d’installation ou fixation professionnelle.
Coordonné par Pr Laetitia BOURDON
Avec la participation de Dr Elodie CUFFEL, Dr Isabella MARINO, Dr Elisabeth MAUVIARD, Dr Frédéric RENOU & Dr Charlotte SIEFRIDT
La santé des internes et des médecins est un sujet qui questionne.
Dans une enquête réalisée par le Conseil National de l'Ordre des Médecins, 70% des médecins n'avaient pas de médecin traitant, et 1/3 présentaient une maladie chronique.
Les médecins consultent peu leurs confrères, et acceptent difficilement les arrêts de travail.
Parmi les motifs d'indemnités journalières versées par la CARMF pour les médecins, on retrouve les pathologies ostéoarticulaires (64%), puis les pathologies digestives et enfin les détresses psychologiques (27%). (chiffres 2018)
Les internes sont également concernés. Une enquête sur la santé mentale des jeunes et futurs médecins réalisée en 2017 (ANEMF, ISNI, ISNAR-IMG, INSCCA) retrouvait que 66,2% présentaient des troubles anxieux. parmi eux, 27,7% présentaient des troubles dépressifs et 23,7% des idées suicidaires.
Au sein du département de médecine générale de Rouen, un des axes de recherche est centré sur la santé des médecins et des soignants et est actif depuis 2017.
Axes de recherche