Le genre est un déterminant de santé et des inégalités en santé, seul ou en association avec la condition socio-économique, l’âge, l’appartenance ethnique, le handicap, l’orientation sexuelle, etc.
Depuis une vingtaine d’années, la recherche médicale internationale évolue pour intégrer la question du genre dans les pratiques et les thématiques de recherche. L’objectif est de prendre en compte la façon dont les rôles sociaux et le contexte culturel influencent la santé des individus sur le plan physiologique et pathologique. Intégrer le genre dans la médecine et la recherche répond à un questionnement à la fois scientifique et éthique et de lutter contre les inégalités et les discriminations dans les domaines de la santé1.
Les représentations sociales liées au genre jouent sur l’attitude des patient·es, du corps médical et des chercheur·euses. S’intéresser aux relations entre genre et santé permet de mener une réflexion éthique sur la contribution des facteurs sociaux et culturels aux inégalités de santé. Il est important d’inciter les médecins à considérer les différences de genre, non pas comme une simple dichotomie entre mâle et femelle, mais comme le produit d’une intrication entre sexe et genre2,3.
Certains stéréotypes de genre sont parfois intégrés dans nos pratiques médicales. À titre d’exemples, la population féminine connaît un sous-diagnostic de l’infarctus du myocarde4, tandis que les troubles anxio-dépressif sont sous-diagnostiqués dans la population masculine5. Identifier ces stéréotypes de genre, en tenant compte de nos a priori dans nos pratiques permettrait de recentrer les soins à l’échelle des patient.es, et de leur histoire propre.
La santé genrée et sexuelle peut concerner des problématiques spécifiques ; de la puberté à la ménopause ou l’andropause, avec des changements hormonaux ; des règles douloureuses à la contraception (dite « masculine » ou « féminine »), en passant par le désir d'enfant ; les saignements gynécologiques anormaux, les douleurs menstruelles ou encore les infections génito-urinaires, l'endométriose et le syndrome des ovaires polykystiques, qui nécessitent une attention particulière.
Le dépistage et la prévention constituent un pivot essentiel dans la détection précoce des cancers (sein, col de l'utérus par exemple), des infections sexuellement transmissibles et dans le maintien d’une bonne santé. Ces axes de santé sont eux même soumis aux rôles sociaux et au contexte culturel inhérent à la notion de genre : scotome du dépistage oncologique chez les personnes transgenres6, modalités de dépistage inadaptés aux vécus des personnes, impact de la sexualité et manque d’inclusion des campagnes.
Les violences domestiques ou intra-familiale sont une des conséquences des représentations sociales liées au genre. Elles prennent une place grandissante au sein du débat publique ainsi que dans nos consultations, plaçant les médecins généralistes comme des interlocuteurs possibles. Notre rôle au sein du parcours des victimes est de mieux en mieux identifié ces dernières années, bien que l’influence des stéréotypes persistent : manque de repérage des hommes cisgenres victimes7, spécificités des violences subies par les personnes LGBTQIA+ au sein du couple etc. L’implication du médecin généraliste au sein d’une cellule familiale empreinte de violences pose la question d’une approche globale, à la fois des victimes, des co-victimes (enfants) et des auteur.es.
Axes de recherche