Les objectifs du 3e cycle de médecine générale visent à l’acquisition des compétences nécessaires à la pratique de la discipline (1).
Ces compétences ont été définies (2,3) et leur maitrise doit permettre de répondre aux tâches professionnelles qui incombent aux médecins généralistes (4).
Elles se construisent en situation professionnelle ce qui suppose d’être confronté à des situations prévalentes ou exemplaires définies par consensus et regroupées en 11 familles (5).
Plus largement, le 3e cycle a vocation à permettre de construire la socialisation professionnelle des étudiants intégrant la filière médecine générale (6). Cette socialisation peut être définie comme un processus continu d’acquisition de connaissances, de compétences, de valeurs, de rôles et attitudes associés à la pratique d’une profession.
La médecine générale est caractérisée entre autres par l’exposition à des situations complexes qui impliquent les éléments suivants (7) :
- les indices n’y sont pas immédiatement disponibles et nécessitent une exploration
minutieuse,
- elles présentent un caractère pluridimensionnel : biomédical, psychoaffectif, environnemental, éthique, administratif, médico-légal…
- plusieurs stratégies de résolution de problème existent et il n’est pas toujours possible de
les hiérarchiser,
- la solution n’est pas univoque et plusieurs solutions peuvent avoir une pertinence comparable,
- les prises de décision se font en situation d’incertitude.
L’exploration de ces situations s’inscrit dans une démarche à vocation holistique intégrant les éléments biomédicaux mais aussi psychologiques et sociaux du patient ainsi que leurs interactions (8).
La prise de décision dans ce contexte fait appel à la confrontation d’informations issus des champs scientifiques, des préférences et comportement du patient ainsi que des éléments contextuels liés à la consultation ou aux expériences du médecin (9).
Une telle démarche, systémique, complexe, en situation d’incertitude, ne saurait être maitrisée par le transfert isolé de connaissances scientifiques et nécessite une pédagogie adaptée.
Ce constat, renforcé par les évolutions pédagogiques mises en œuvre dans la plupart des DUMG en France, ont incité les enseignants du DUMG de Rouen à réviser le processus de formation et d’évaluation des internes de 3e cycle en médecine générale formés en Haute Normandie.
Selon Tardiff « une compétence est un savoir-agir complexe prenant appui sur la mobilisation et la
combinaison d’une variété de ressources internes et externes à l’intérieur d’une famille de situations
» (10).
Un savoir-agir mobilise des ressources, des savoirs, des savoir-faire, des savoir-être et en suppose une combinaison efficace et sans cesse adaptable à la situation de soins (11).
L’acquisition de ces compétences est reconnue comme impliquant un contexte pédagogique facilitateur et le modèle d’enseignement par compétence est difficilement dissociable des concepts d’apprentissage et d’enseignement contextualisé authentique ainsi que des théories de transfert de l’apprentissage (12).
Le cycle d’apprentissage expérientiel de Kolb (13) postule que l’expérience réelle conditionne l’apprentissage et que la réflexion à partir de cette expérience en est le moteur.
Généralités