Carré de White

dernière modification de cette page : 12/12/2023

Une écologie des soins médicaux

Kerr White est un médecin chercheur interniste et épidémiologique responsable de l’enseignement de l’Université de Caroline du Nord dans les années 50. Pour appuyer son programme de formation de la médecine générale (médecine de famille), il a réalisé avec F. Williams (Interniste) et B. Greenberg (biostatisticien) des entretiens auprès de patients, de personnes ne se sentant pas malade et des médecins. Leur objectif : décrire l’utilisation des soins de santé sur un mois des personnes de plus de 16 ans aux USA [1].

  • Les patients qui consultent en CHU (soins tertiaires) ne représentent que 0,1% de la population exposée à un problème de santé par mois.
  • Elle a permis une visualisation des soins de première ligne ou soins primaires et du rôle du médecin généraliste et de son rôle de coordination : sur 250 patients qui décident de consulter, 15 sont adressés à un confrère ou à un centre hospitalier.
  • L’enseignement des futurs médecins devrait inclure l’ensemble des problèmes de santé les plus courants en soins primaires c’est-à-dire les maladies chroniques à prévalence élevée en médecine générale.
  • Les soins primaires ont une écologie différente de la médecine hospitalière. Le médecin de soins primaires est confronté au diagnostic de maladies à un stade précoce et indifférencié des maladies.

Le temps passe et les mesures se répètent

K.White a répété plusieurs fois ces mesures, et les relations sont restées les mêmes. En 2001, l’équipe de Green a actualisé le carré de White grâce à des données plus précises. Sur 1000 personnes exposées à un problème de santé, 800 avaient des symptômes, 217 consultaient un médecin (dont 113 consultaient un généraliste) , 8 étaient hospitalisés et moins de 1 était hospitalisé en CHU [2]. Ces nouvelles estimations restent remarquablement stables en 40 ans.

Ces travaux ont eu une influence importante sur le monde académique médical. Ils ont contribué à une réflexion sur la distribution des soins en population générale. Ils ont ainsi permis au développement de la médecine générale et de la recherche en soins primaires [3].

Des nouvelles données françaises publiées en 2023, confirme cette stabilité d’écologie des soins :  les problèmes de santé sont majoritairement vus en soins primaires, sur 1000 individus seulement 5 sont hospitalisés dans un CHU et les populations de 13-25 ans consultent le moins et les femmes plus que les hommes [4].


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Références :

[1] White KL, Williams TF, Greenberg BG. The ecology of medical care. N Engl J Med. 2 nov 1961;265:885-92.

[2] Green LA, Fryer GE, Yawn BP, Lanier D, Dovey SM. The ecology of medical care revisited. N Engl J Med. 28 juin 2001;344(26):2021-5. 1 

[3] Giet D. Ecologie des soins médicaux, carré de White, soins primaires et médecine générale. Rev Med Liege. :8.

[4] Laporte C, Fortin F, Dupouy J, Darmon D, Pereira B, Authier N, Delorme J, Chenaf C, Maisonneuve H, Schuers M. The French ecology of medical care. A nationwide population-based cross sectional study. Fam Pract. 2023 Nov 2:cmad098.