Iatrogénie médicamenteuse : constat et propositions

14 février 2023

En France métropolitaine, chaque année, 212 500 personnes seraient hospitalisées à cause d’un effet indésirable médicamenteux (EIM) dans un service de médecine de court séjour. 

Ces EIM seraient responsables de 2 760 décès par an. Dans cette étude, 8,5% des hospitalisations non programmées en service de médecine de court séjour étaient liées à des EIM. Cette proportion était plus importante chez les sujets âgés et les femmes. Elle avait augmenté par rapport à la dernière étude comparable qui avait estimé ce taux d’hospitalisation à 3,6% en 2007.

En médecine générale, les données sur la prévalence de la iatrogénie sont rares. Une étude de cohorte Irlandaise a inclus 592 patients de plus de 70 ans à partir de patientèles de médecine générale. Ils ont été suivis pendant 6 ans au cours desquels 27 % des patients inclus ont eu un évènement iatrogène. Cet évènement a été considéré comme léger dans 89% des cas, mais 3,8% ont nécessité une hospitalisation en urgence.

Améliorer les actions pour promouvoir le bon usage des médicaments est indispensable, en s’intéressant particulièrement aux classes les plus à risque d’EIM évitables : psychotropes, antihypertenseurs, antidiabétiques, antithrombotiques. Ces actions doivent cibler les professionnels et la population afin :

  • d’améliorer la coordination entre lieux de soins et la pluriprofessionnalité (médecins- pharmaciens-infirmiers) dans une démarche collective de prévention des EIM ,
  • de réduire l’automédication inappropriée.  

Disposer de données de qualité est très important pour évaluer la iatrogénie médicamenteuse, ses causes et conséquences. Les données disponibles sont trop rarement répétées et ne prennent pas en compte les EIM survenus dans de nombreux lieux de soins, en particulier ambulatoires. De plus, les EIM restent insuffisamment déclarés.

Le conseil scientifique du CNGE appelle à mettre en place et à financer des dispositifs permettant :

  • de produire de données fiables sur la iatrogénie en ambulatoire via des études nationales régulières, la simplification et l’optimisation de déclaration des EIM, en s’appuyant sur des logiciels métiers optimisés permettant un recueil en routine : projets type P4DP par exemple.
  • d’établir et mettre à jour les recommandations de prescriptions médicamenteuses adaptées à la pratique en soins premiers pour une meilleure évaluation du rapport bénéfice/risque : projets type REB, de l’optimisation et de la déprescription médicamenteuse.  

La santé de la population et l’amélioration des pratiques nécessitent un plan d’ensemble ambitieux mais simple pour diminuer la iatrogénie médicamenteuse.


https://www.cnge.fr/conseil_sc...


 


Iatrogénie médicamenteuse : constat et propositions

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